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Méditerranée

Enéide, Virgile, I, 82-112

Enée dans la tempête

 

Junon, courroucée de voir Enée et sa flotte quitter la Sicile pour cingler vers l’Italie, demande à Eole, dieu des vents, de déchaîner une terrible tempête… A ces mots, Eole, du fer de sa lance, a frappé le flanc de la montagne creuse qui enferme toute la puissance des vents. 

 

 

Ac venti, velut agmine facto,

Qua data porta, ruunt et terras turbine perflant.

Incubuere mari, totumque a sedibus imis

85. Una Eurusque Notusque ruunt creberque procellis

Africus, et vastos volvunt ad litora fluctus.

Insequitur clamorque virum stridorque rudentum. 

Eripiunt subito nubes caelumque diemque

Teucrorum ex oculis ; ponto nox incubata atra. 

Les cieux tonnent, l’air étincelle, criblé d’éclairs. Les hommes ne voient plus, autour d’eux, que la mort. Enée sent tout à coup ses membres se glacer. Il gémit et, tendant les paumes de ses mains vers les astres : « Trois et quatre fois heureux, s’écrie-t-il, ceux à qui échut la chance de rencontrer la mort sous les regards de leurs parents, au pied des murs de Troie ! » (…)

102. Talia jactanti, stridens Aquilone procella

Velum adversa ferit, fluctus ad sidera tollit.

Franguntur remi ; tum prora avertit, et undis

105. Dat latus ; insequitur cumulo praeruptus aquae mons. 

Les uns restent accrochés à la cime de la vague, d’autres voient le flot ouvrir la mer jusqu’au fond, l’eau et le sable tourbillonnent, furieux. Le Notus arrache trois navires, les fait tourner et les jette sur les écueils cachés, l’Eurus en précipite trois de la haute mer sur les bas-fonds des Syrtes, pitoyable spectacle, les broie contre les écueils et les enlise dans l’amas des sables. 

Vocabulaire

 

82. Ac, atque : et ; ventus, i, m : vent ; velut : comme ; agmen, inis, n : armée en rang

Factus, de facio, is, ere, feci, factum : faire, placer (abl. abs.)

83. Ruo, is, ere : se ruer, se précipiter ; qua, de (ali)quis, aliqua, aliquid : quelque, une 

Perflo, as, are : souffler à travers ; turbo, inis, m : tourbillon

84. Incumbo, is, ere, cubui, cubitum : s’étendre sur (incubuere = incubuerunt)  

Mare, is, n : mer (mari, abl. de lieu) ; totus, a, um : tout entier (reprend mare)

Imus, a, um : qui est en dessous, inférieur ; sedes, is, f : siège, fondation, abîmes

85. Una (adv.) : ensemble ; Eurus, Notus, Africus, Aquilo : vents

Procella, ae, f : orage, bourrasque ; creber, bra, brum : fréquent, ici, riche en

86. Volvo, is, ere, volvi, volutum : faire rouler ; fluctus, us, m : flots, vague

Litus, oris, n : rivage, littoral 

87. Insequor, eris, secutus : suivre ; clamor, oris, m : cri, clameur 

Virum, ici, virorum, de vir, i, m : homme ; stridor, oris, m : sifflement

Rudens, entis, m : cordage (rudentum = rudentium)

88. Nubes, is, f : nuage ; subito : soudain ; eripio, is, ere : arracher, dérober

Caelum, i, n : ciel ; dies, diei, f/m : jour

89. Oculus, i, m : œil ; Teucri, orum, mpl : les Troyens ; nox, noctis, f : nuit

Ater, tra, trum : noir ; incubo, as, are : être couché sur ; pontus, i, m : haute mer

 

102. Jacto, as, are : jeter (des propos), proférer (ablatif absolu) ; talis, e : tel

Procella, ae, f : orage, bourrasque ; stridens, entis : sifflant

103.Adversus, a, um : qui vient en face, contraire ; ferio, is, ire : frapper

Velum, i, n : voile ; fluctus, us, m : flot, vague ; sidus, eris, n : étoile 

Tollo, is, ere : soulever

104. Remus, i, m : rame ; frango, is, ere : briser, rompre (au passif)

Prora, ae, f : proue ; averto, is, ere, verti, versum : (se) détourner ; tum : alors

Unda, ae, f : eau ; 

105. Do, as, are : donner, offrir ; latus, eris, n : flanc, côté

Insequor, eris : suivre (déponent) ; mons, montis, m : montagne

Abruptus, a, um : abrupte ; aqua, ae, f : eau ; cumulus, i, m : amas

 

Traduction (site bcs)

les vents, rangés en bataille,

s'engouffrent par la porte qui s'offre et soufflent en tourbillons sur la terre.

Ils se sont abattus sur la mer, tout entière soulevée de ses abîmes

par l'Eurus et le Notus, unis à l'Africus fécond en bourrasques,

tandis que d'énormes vagues déferlent vers les rivages.

Aussitôt s'élèvent les cris des hommes et le grincement des cordages.

Les nuages dérobent soudain le ciel et la lumière du jour

aux yeux des Troyens ; une nuit noire se couche sur la mer.

(…)

Tandis qu'il lançait ces plaintes, une bourrasque sifflant sous l'Aquilon

frappe sa voile de plein fouet et soulève les flots jusqu'au ciel.

Les rames se brisent ; la proue dévie et offre aux vagues

le flanc du bateau ; survient une abrupte montagne d'eau.

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