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Quelques textes traduits du grec sur les thèmes du programme commun latin et grec

THEME : L’homme et l’animal

 

Œuvres morales, Sur l’usage des viandes, Plutarque (auteur grec du Ier siècle ap. J.-C.)

 

L'usage de manger de la viande est, dit-on, fondé sur la nature. Mais d'abord la conformation seule du corps humain prouve le contraire ; elle ne ressemble à celle d'aucun des animaux carnivores. L'homme n'a ni un bec crochu ni des griffes ou des serres, ni des dents tranchantes ; son estomac n'est pas assez fort ni ses viscères assez chauds pour élaborer et changer en chyle une nourriture aussi pesante que la chair des animaux. Au contraire la nature, en nous donnant des dents unies, une bouche étroite, une langue douce et molle, et des esprits animaux d'une chaleur modérée, semble avoir interdit à l'homme ces sortes d'aliments. Si vous vous obstinez à soutenir qu'elle vous a faits pour manger la chair des animaux, égorgez-les donc vous-mêmes, je dis de vos propres mains, sans vous servir de coutelas, de massue ou de hache. Faites comme les loups, les ours et les lions, qui tuent les animaux dont ils se nourrissent. Mordez, déchirez à belles dents ce bœuf, ce pourceau, cet agneau ou ce lièvre ; mettez-les en pièces, et comme ces bêtes féroces, dévorez-les tout vivants. Si, pour les manger, vous attendez qu'ils soient morts et que vous ayez horreur d'égorger un être vivant, pourquoi donc, outrageant la nature, vous nourrissez-vous d'un être animé ? Pourquoi, après même qu'il est mort, ne le mangez-vous pastel qu'il est ? Il Vous en faut transformer la chair par le feu, la faire bouillir ou rôtir, la dénaturer enfin par des assaisonnements et des drogues qui ôtent l'horreur du meurtre, afin que le goût, trompé par ces déguisements, ne rejette point une si étrange nourriture. 

THEME : Méditerranée

Odyssée, Homère, chant V (auteur grec v. VIIIème siècle av. J.-C.)

La tempête

Une vague immense fond sur lui, et, se précipitant avec fureur, elle fait tourner le faible esquif. Tout à coup Ulysse est lancé loin de son radeau, et le gouvernail s'échappe de ses mains. Alors tous les vents forment un tourbillon qui brise le mât du radeau par le milieu : la voile et les antennes sont emportées avec violence dans la mer. Ulysse reste longtemps enseveli sous les eaux ; il cherche vainement à remonter au-dessus des vagues impétueuses : les lourds vêtements que lui avait donnés Calypso le retiennent au fond de l'Océan. Enfin il surgit, et rejette de sa bouche l'onde amère qui coule aussi à longs flots de sa tête. Malgré toutes ces peines, Ulysse n'oublie point son radeau : luttant contre les vagues mugissantes, bientôt il le saisit. Le héros s'assied au milieu de ce frôle esquif pour éviter le trépas, et son radeau est poussé de tous côtés au gré des vagues. De même que le Borée emporte à travers les campagnes des chardons liés les uns aux autres en épais faisceaux : de même les vents enlèvent ça et là sur la mer le radeau d'Ulysse. Tantôt le Notus le livre au Borée qui le rejette au loin ; tantôt l'Eurus l'abandonne au Zéphyr qui le chasse à son tour.

© 2019 par Isadan.

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